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Jean Amrouche chez Edmond Charlot, entre ambition et dévouement


Jean Amrouche
Jean Amrouche alias Jean El-Mouhouv
© Inconnu/ Archives ville de Marseille/ Wikipedia

Quand il commence à écrire à André Gide, en 1928, Jean Amrouche se sent également fasciné par les œuvres de Gide et de Claudel ; il se définit ainsi lui-même comme un jumeau de Jacques Rivière, qui avait été également admirateur de ces deux écrivains antithétiques, mais aussi qui avait dirigé La NRF sous le regard attentif de Gide. Durant un an, à Tunis, à force de services matériels, de discussions et de parties d’échecs, Amrouche avait su rendre son compagnonnage indispensable. Mais quand, en juin 1943, il invoque à nouveau l’image de Rivière, c’est avec une intention beaucoup plus précise. Ce 12 juin, il se trouve encore à Tunis, alors que Gide est à Alger depuis le 27 mai ; il lui écrit :

J’ai attendu si longtemps le moment de vous voir ; et maintenant je crois que le destin m’avait choisi pour prendre auprès de vous la lourde succession de Rivière. Je ne demande qu’à vous servir, à vivre dans votre ombre [1]

Il faut dire que si Amrouche avait su se rendre indispensable à Gide, celui-ci avait également des projets au service desquels Amrouche pouvait s’avérer précieux. Depuis qu’il avait rompu avec La NRF dirigée par Drieu La Rochelle, et que les contacts avec Gallimard étaient devenus problématiques, il était soucieux de retrouver un support éditorial qui assurerait à la fois la diffusion de sa pensée et quelques rentrées financières. Sa rencontre avec le général de Gaulle, le 26 juin, va être l’occasion de réaliser partiellement ses vœux. Dînant à El Biar en compagnie de l’universitaire Jean Hytier, Gide va profiter de l’occasion pour plaider la cause d’André Maurois, trop giraudiste au goût du général. Puis, sans qu’on sache qui prit l’initiative du projet : « Nous parlâmes ensuite de l’opportunité de créer une nouvelle revue qui groupât les forces intellectuelles et morales de la France libre ou combattant pour l’être. » Fontaine existait déjà, mais Max-Pol Fouchet, comme Maurois ou Saint-Exupéry, était peut-être insuffisamment gaulliste aux yeux du général. De son côté Gide, qui avait donc rompu avec Drieu et avait été, à Nice, menacé par la Milice, pouvait apparaître comme un allié sûr.

On ne sait qui trouva le titre, à la fois fédérateur et mystique, de L’Arche, mais sa tonalité biblique ne pouvait pas déplaire à Gide. Pour la conduire, c’est lui en tout cas qui dut proposer le nom de Jean Amrouche. Celui-ci avait déjà eu l’occasion de s’initier un peu à l’édition au contact de son ami Armand Guibert qui, en Tunisie entre 1932 et 1940, avait animé plusieurs maisons d’édition : Mirages, Monomotapa, Les Cahiers de Barbarie, dans lesquelles Amrouche publia deux recueils de poèmes et les Chants berbères de Kabylie en 1939. Mais plus qu’à l’édition, il s’était formé au journalisme littéraire, codirigeant avec Guibert le supplément littéraire de La Tunisie française à partir de novembre 1940, et continuant seul après le départ de Guibert en avril 1941, jusqu’en juin 1942. Il lisait les livres reçus, commandait des articles, les corrigeait, en écrivait, surveillait composition et mise en page.

Pour publier cette revue, un nom s’imposait, celui d’Edmond Charlot, qui dirigeait alors le service des publications au ministère de l’Information du Gouvernement provisoire, ce qui faisait de lui l’éditeur de la France libre, avec une revue comme Fontaine, et des ouvrages comme ceux de Vercors et de Kessel. C’est lui qui fut logiquement choisi pour héberger une seconde revue qui risquait de devenir rivale de la première. Gide le connaissait de nom, au moins comme l’éditeur du livre que lui avait consacré Jean Hytier avant la guerre. Amrouche, pour sa part, le connaissait plus personnellement, même si ce n’était pas positivement, lui qui parlait encore en 1947 de la « mauvaise impression qu’il produisit sur moi la première fois que je l’ai vu, en 1940 » [3]. De futures tensions s’inscrivaient donc déjà en filigrane, mais Amrouche n’allait pas refuser la chance qui lui était offerte. Le 27 juillet, il est appelé à Alger par un télégramme officiel et nommé au cabinet du directeur de l’Information, Henri Bonnet.

Cette prise en charge de L’Arche, à ses yeux, lui conférait un triple rôle. D’abord, on l’a vu, celui de disciple de Gide. Ce n’est pas par hasard si, en octobre, il lit L’Allemand, ce livre écrit par Rivière en 1919 après sa captivité, et qui venait d’être réédité à Alger par les éditions France que dirigeait Charlot pour le compte du commissariat à l’Information. Et de projeter aussitôt d’écrire une note sur ce livre, pour le premier numéro de L’Arche. Et de fait, ayant placé la revue sous le patronage de Gide, il ne cessera de quémander son attention et sa collaboration aux futurs numéros.

Ensuite, il se sent investi d’une mission d’importance nationale, chargé au fond de définir l’espace intellectuel et moral où pourra se rassembler la France de demain. Par exemple, alors qu’il est encore à Tunis, nous le voyons déjà, le 15 juillet, tandis qu’il pense « au manifeste de la revue », noter « cette phrase de saint Paul que j’aimerais appliquer à la mission de la France » [4].

Enfin, il voit là l’occasion de s’accomplir lui-même, psychologiquement et socialement, ambitionnant d’autant plus une stature de chef qu’il se sait au fond de lui-même peu disposé à l’être. Le 27 juillet, jour de son arrivée à Alger, il note : « Je largue les amarres. À moi de montrer si je vaux quelque chose, de vaincre timidité et paresse. » [5]

Tandis que la maquette du premier numéro s’élabore lentement, Gide en particulier ayant du mal à trouver le ton nécessaire à un manifeste fondateur, Amrouche se trouve également chargé de veiller à la publication d’un recueil de Gide, Attendu que…, qui sera suivi de Pages de Journal en 1944, puis de Deux Interviews imaginaires en 1946. Par ce biais, Jean Amrouche n’était pas seulement le responsable d’une revue imprimée par Charlot, il devenait l’un des responsables éditoriaux de la maison d’édition, aux côtés de Camus et de Soupault.

Cependant, au sein de la revue, les choses ne se font pas sans difficultés. Les relations avec Robert Aron en sont un bon exemple. Le 8 décembre, Amrouche note :

Ma stupide timidité me conduit à m’effacer trop souvent devant Aron. Étrange garçon, assez mystérieux au fond, qui fait surtout du travail personnel qui peut le servir ; tandis que moi, je fais la revue. Mais baste ! Rira bien qui rira le dernier [6]

Le 12 janvier 1944 :

Aron prend de plus en plus L’Arche en main. Veiller d’un peu plus près à cela […] J’ai eu tort de lui proposer la direction. NON. Peut-être, après tout, ai-je bien fait. Le poste de rédacteur en chef me conviendra mieux [7]

Cette situation finit par devenir si conflictuelle que Gide, parti au Maroc trouver un peu plus de chaleur, est prié par le gouvernement de revenir d’urgence à Alger pour la trancher. Le samedi 26 février, Amrouche raconte :

Événements : Robert Aron exclu de L’Arche dont, en fait, sous le patronage de Gide, je deviens le seul directeur responsable […] Il faudrait raconter longuement la séance de mardi au cours de laquelle l’exclusion de R. A. fut prononcée [..] S’il avait été plus fin, il eût joué un assez grand rôle dans la revue. Mais, par orgueil et par cupidité, il a voulu profiter d’une situation équivoque, et s’installer au poste de directeur […] Je crois avoir prouvé hier à André Gide que je suis capable de diriger et de créer. À moi de montrer que je suis un vrai chef, et d’y croire moi-même. Dès le numéro II, par mes articles, par mes notes […] Gide accepte de mettre son nom sur la page de garde… [8]

Le 28 du même mois étaient signés les statuts de la société civile L’Arche, enregistrés à Alger, cette société « ayant pour objet la publication d’une revue littéraire, L’Arche, ainsi que la fondation et l’exploitation d’une entreprise d’éditions se rattachant à la revue, dont l’esprit et les buts ont été définis par le manifeste de L’Arche. » Le capital de 100 000 francs était constitué par les apports de Gide (35 000), Amrouche (35 000), Lassaigne (20 000) et Charlot (10 000). Si Edmond Charlot était désigné comme responsable des opérations financières, des questions matérielles d’édition et des rapports avec les fournisseurs, distributeurs, imprimeurs, abonnés, etc., Gide devait fournir « le patronage de son autorité morale et de sa notoriété littéraire ». Amrouche assurait « la direction intellectuelle de la revue » ainsi que « le travail de secrétariat », et Lassaigne s’occupait « de l’aspect politique de la revue et des rapports de la Société avec les pouvoirs publics ».

Cette organisation rappelait beaucoup les débuts de La NRF, quand la revue, financée par Gide et Jean Schlumberger, avait sécrété rapidement son comptoir d’édition confié à Gaston Gallimard. La revue prenait le pas sur la maison d’édition et devenait sa vitrine. C’est ainsi que le numéro 2 proposait le début des Pages de Journal de Gide dont la reprise en volume était déjà programmée, ainsi qu’une nouvelle tranche du Mas Théotime d’Henri Bosco, lui aussi destiné à être publié. Au sommaire figuraient aussi des poètes, Pierre-Jean Jouve, Pierre Emmanuel, et un « Tombeau de Jean Giraudoux » était dressé par Gide, Amrouche, Mucha et Marie-Jeanne Durry. En fin de revue était annoncé le lancement de la « collection L’Arche, sous la direction de Jean Amrouche » où devaient paraître la traduction de Hamlet par Gide, un texte poétique de Marie-Jeanne Durry, Le Mas Théotime de Bosco et un essai d’Amrouche sur la poésie. Toutefois, cette prévision s’avéra trop optimiste, et l’annonce disparut dès le numéro 4. Seul le livre de Bosco devait paraître en juin 1945.

Pourtant, au moment où, avec la libération de la France, des perspectives nouvelles s’ouvrent pour la maison Charlot, Amrouche manifeste à l’égard du travail une ambivalence qui ne le quittera plus. Au début, cette situation semble pleinement le satisfaire, lui qui note, le 4 mars 1944 :

Les affaires de L’Arche s’arrangent au mieux, pour la revue et pour moi. Les avantages qui m’y sont assurés, en toute justice je crois les mériter. Mais il faut les mériter plus encore, en organisant la revue d’une manière plus pratique. Besoin de traduire en assurance extérieure l’autorité que j’exerce à l’intérieur [9]

Mais le 23 novembre 1944, il constate : « Je vais sans désir profond, comme dépossédé du moteur de toute action. La tâche strictement matérielle de diriger la revue m’accable d’ennui. » Et trois jours plus tard, alors qu’il s’apprête à se rendre à Paris pour assurer la direction littéraire des éditions Charlot, il se grise à nouveau de son récent statut : « Charlot doit enfin être à Paris où je le rejoindrai dans quelques jours. Tout le vaisseau reposera sur moi. » [11]

En effet, affecté au ministère de l’Information à Paris, Charlot décide d’y transporter sa maison d’édition, bientôt suivi par Amrouche, avec l’intention bien arrêtée de créer une antenne parisienne de la revue et de la maison. Stimulés par l’ambiance de la Libération, ils se sentaient à la conquête de l’Amérique, Jean Amrouche le premier. Si pour Edmond Charlot « Paris n’était que la succursale de la maison-mère qui restait à Alger » [12], il n’en était pas de même pour Amrouche qui, arrivant dans un Paris où la maison Gallimard était suspecte et La NRF interdite pour cause de collaboration, pouvait avoir l’impression de toucher à son rêve d’être le Rivière d’une nouvelle revue gidienne qui serait L’Arche.

De fait, quand il part pour Paris, il est muni d’une lettre de Gide en forme de blanc-seing demandant à ses amis parisiens, Schlumberger, Paulhan, Gallimard, etc., de lui faire le meilleur accueil et de l’aider dans « ses projets concernant L’Arche et sa possible fusion avec l’ex-NRF » [13]. Il s’agissait pour Amrouche de trouver un local pour la revue, mais aussi d’une opération de reprise de certains éléments d’une revue moribonde, La NRF, au sein d’une nouvelle et bien portante, la sienne. Le 26 décembre 1944, il écrit à Gide pour lui annoncer que Jean Paulhan accepte de faire partie du comité directeur de L’Arche, et commente cet événement : « Ainsi donc l’opération délicate que je devais conduire à bonne fin : le rassemblement dans L’Arche des meilleurs éléments de La NRF a quelque chance de succès. » [14]

Les débuts de la revue et de la maison d’édition sont laborieux. Plusieurs difficultés se présentent, qui retardent la reparution de L’Arche, comme la recherche d’un local, la pénurie de papier, la quête des autorisations administratives. Le 23 janvier 1945, Amrouche écrit à Jules Roy : « L’Arche : grandes difficultés matérielles qui seront résolues un jour. Charlot, qui est ici, n’avance guère non plus car il n’y a pas de papier. » Mais, peu à peu, les choses se mettent en place et une certaine euphorie gagne les deux aventuriers.

Le 8 mars, Charlot de retour à Alger fait à Gide une visite que relate Maria Van Rysselberghe :

Nous sommes interrompus par la visite de son éditeur Charlot, qu’il me présente. Il arrive tout droit de Paris, enchanté des négociations qu’il allait y entreprendre : L’Arche va devenir une revue parisienne. Paulhan a accepté de faire partie du comité directeur, et Camus, et on espère aussi l’adhésion de Malraux. Gide se montre enchanté […] Charlot lui demande ensuite, discrètement du reste, s’il consentirait à publier tout de suite, dans une édition à tirage restreint, dans une nouvelle collection, sa pièce. Gide hésite un instant puis dit : « Non, je préfère pas pour l’instant ». [17]

Amrouche pour sa part se montre plus prudent, mais apprécie cet enthousiasme, comme il l’écrit à Gide le 14 mars :

Charlot est tout pétulant d’optimisme. Sa tonifiante présence, son sens de la camaraderie me manquent. Il fait un heureux contrepoids à mon inquiétude. Mais je crois que la partie sera plus difficile à gagner qu’il ne pense [18]

Mais dix jours plus tard, déjà, son pessimisme, ou son réalisme, refait surface :

Charlot est rentré d’Alger depuis trois jours. Il est en pleine forme. Les Prières vont paraître bientôt à Paris. Quant à L’Arche, nous préparons le numéro 8, qui doit paraître ici. Assez inquiet quant à la suite. Je n’ai ni le temps ni l’argent nécessaires pour entretenir les rotations « littéraires », et je vois s’ouvrir une crise rédactionnelle redoutable… [19]

Tout de même, le numéro 8, premier numéro parisien de L’Arche, paraît enfin en août avec un beau sommaire qui redonne confiance à Amrouche et ranime son rêve le plus cher. Le 7, il écrit à Gide :

La revue prend peu à peu tournure. Certains des chroniqueurs sont excellents […] Quand l’heure sera venue de faire la fusion avec Gallimard, je crois que nous ne serons pas en mauvaise posture. Car, sans être très brillante, la situation financière de la revue est inespérément bonne [20]

Cet optimisme resserre son entente avec Charlot. Le 22 août, il note : « Conversation très confiante avec Charlot, aujourd’hui. Envisagé avec lui une espèce d’association pour publier une collection de livres. Le premier sera le poème de Marie-Jeanne hors série. » Et le 30 août : « Dîné hier avec eux [Julius et Guibert] plus Charlot, être franc […] Je reprends en main L’Arche. Veiller à maintenir Jacques Lassaigne à sa place en second. Il s’intéresse trop à la revue. Il est indispensable que j’y écrive, enfin ! » [22]

Dans ces conditions, la première réunion du conseil de L’Arche, qui se tient le 11 septembre, se déroule sous le signe d’une entente cordiale entre les deux hommes :

Comme je l’avais prévu, Lassaigne a prétendu avoir vraiment travaillé. Je ne pense pas qu’il soit très satisfait de l’attribution de 20 000 francs qui lui a été accordée. Pour ma part, je recevrai 85 000 francs sur lesquels je comptais assez vaguement. Charlot, outre les divers avantages que la revue lui a valus (publicité, papiers, etc.) encaisse 50 000 francs, j’ai bien fait de faire présenter la chose par Charlot sous forme de mensualités. Car je redoutais que l’importance de la somme ne fasse bondir Lassaigne. Il me faudra surveiller Charlot et resserrer mon alliance avec lui. Gide a été magnifique. Attentif à défendre mes intérêts. 
La lecture du nouveau manifeste, qui a été approuvé, manifeste que j’avais rédigé assez hâtivement, a bien montré que je suis à la tête de l’affaire. Il importe que je m’y maintienne [23].

La collaboration fructueuse d’Amrouche et de Charlot est illustrée par l’édition du petit livre de Gide, Deux interviews imaginaires suivies de Feuillets. Le 23 octobre, Charlot écrit à Gide :

Bien cher Maître, Je remets cette lettre à Jean Amrouche. Jean m’a dit en effet que vous accepteriez de nous confier un livre que nous réaliserions en commun avec un tirage restreint. Voici comment nous avions envisagé cela : — tirage de 3000 exemplaires vendus en France et de 2000 exemplaires vendus en Suisse. Tous les volumes numérotés et imprimés sur beau papier et avec un très beau caractère, à Genève. — vos droits seraient de 200.000 francs (deux cent mille) payables 100.000 francs à votre accord ; 100.000 francs lors de la publication. Ce serait évidemment une très grande joie pour Jean et pour moi d’éditer à Paris un ouvrage de vous. Croyez, cher Maître, en mes sentiments bien dévoués.
Edmond Charlot [24].

C’est d’ailleurs peut-être pour fêter la sortie imminente de ce livre que, le 6 mai 1946, Amrouche notera : « Gide encore. Y suis allé hier pour lui porter […] un vieil échiquier (1100 F) que je lui fais offrir par Charlot. » [25]

Nous n’avons pas de documents relatifs au second semestre de 1945, mais il semble que, déjà à cette époque, et surtout au début de l’année suivante, la situation de la revue et de la maison d’édition ait commencé à se fragiliser, sans qu’il soit possible d’en indiquer précisément les raisons. En décembre 1946, Roger Martin du Gard en suggère tout de même certaines à Marie Rougier :

Oublié de vous parler de Charlot, l’éditeur. Je crois en effet qu’il a des « difficultés de trésorerie ». Du moins, je l’ai entendu dire à Paris […] On ne m’a pas parlé de « faillite ». Il est certain que depuis la Libération, son départ d’Alger et son installation à Paris, ledit Charlot s’est lancé dans l’édition avec une prodigalité – qui a surpris tout le monde. Rien d’étonnant qu’il subisse la crise actuelle plus sévèrement qu’aucun autre. Il avait misé gros. Mais de là à une vraie déconfiture, il reste de la marge…  N’empêche que si j’avais un manuscrit en attente chez lui, je ne garderais guère d’espoir pour le moment… Il doit avoir freiné toute activité, et éviter les risques [26]

On mesure cette dégradation au changement d’attitude d’Amrouche envers son travail de directeur de revue ; le 24 mars 1946, il note :

Toujours pris par les affaires et éloigné de mon œuvre. Mon bureau est noyé sous les paperasses et la poussière. Je travaille moins que lorsque j’allais à la Radio. Quant à L’Arche : la distribution est un désastre. Il faut s’occuper de tout. Cris – agitation [27]

Mais c’est aussi l’attitude de son entourage qui évolue. Jean Paulhan, en mai, refuse d’entrer dans le comité de la revue. Jules Roy, peut-être en raison de son succès grandissant, se fait exigeant, ce qui révèle en retour que la maison Charlot se fait moins satisfaisante. Le 29 avril, Amrouche doit plaider devant lui la cause de Charlot :

Edmond vient de me communiquer ton poulet d’aujourd’hui. Je ne sais ce qu’il te répondra, mais tu ne seras pas surpris si je réagis avec violence […] Aucun éditeur n’aurait agi avec toi comme Edmond Charlot. Aucun éditeur n’agirait aujourd’hui même comme lui. […] Peut-être un éditeur plus riche et mieux outillé, profitant de l’effort de Charlot, et des résultats que tu as obtenus grâce aux encouragements que tu en as reçus, sera-t-il en mesure de t’assurer la gloire que tu crois mériter et le profit que légitimement tu peux attendre [28].

Et le 2 mai, Roy étant revenu à la charge, il doit lui faire cet aveu : «  Nous avons des difficultés. Tu es dans la confidence : cela eût dû te rassurer. » L’idée commence à s’insinuer chez certains d’une scission à l’intérieur du binôme Amrouche-Charlot. Le 30 mai, Amrouche note :

Gide aussitôt de me dire que Paulhan était très désireux de s’occuper de plus près de L’Arche – mais qu’il me faudrait abandonner Charlot […] Il s’agit de tenir bon, et de m’assurer la majeure partie des parts de la revue. La dissolution de la société civile actuelle s’impose. Les trois années d’association prévues par le contrat d’association seront bientôt révolues. Il me faudra manœuvrer pour défendre ce que j’ai créé et nourri, car je devrai me défendre contre Charlot lui-même qui paraît peu disposé à me traiter, dans sa maison, sur le même pied que Poncet [directeur financier des éditions]. Quant à abandonner Charlot, il n’en est pas question. Certes, il doit beaucoup à la revue ; mais sans lui la revue n’existerait pas [30]

Déjà peu enclin au travail bureaucratique, Jean Amrouche commence alors à le ressentir comme un frein à sa production personnelle. Le 20 août, il espère encore triompher sur les deux plans, comme il le confie à Jules Roy :

J’imagine que cette année je parviendrai à déblayer une partie de ma route : finir Jugurtha, mettre au point « Mesures pour rien », avancer mon livre sur la France et dicter la première version de La Mort d’Akli. Si je parviens à régler le fonctionnement intérieur des éditions, et à assurer l’alimentation régulière de L’Arche, rien d’autre que moi-même […] ne m’empêchera de remplir cet ambitieux programme [31]

Il répondait peut-être à cette remarque de son ami, qu’il avait dû ressentir douloureusement :

Ce n’est pas sans appréhension pour ton œuvre que je t’ai vu t’engager dans la direction littéraire de la maison […] C’est à toi de choisir. Si tu as le courage de t’enfermer chez toi, de travailler pour toi, tu écriras La Mort d’Akli et le Cantique. Si tu continues de porter L’Arche sur tes épaules et à t’occuper des textes des autres, tu n’y parviendras pas [32]

De fait, Amrouche assumait bien ses fonctions de directeur littéraire, même encore en 1947, au profit de son ami Julius, quand il lui faisait reprendre bien des passages du Métier des armes, tout comme il l’avait déjà guidé à propos de La Vallée heureuse. Faute de mieux, pour son compte, il faisait reparaître en décembre ses Chants berbères de Kabylie, parus initialement à Tunis en 1939.

Le début des difficultés semble faire naître un regard plus critique d’Amrouche sur Charlot, qu’il tiendra plus tard comme responsable de sa faillite. Le 26 décembre, il note : « L’obsession épuisante et avilissante des affaires, le peu de confiance que m’inspire Charlot, je ne parviens pas à les détourner de mon esprit. »
Le 14 janvier 1947 :

Interminable réunion à la coopérative du livre, hier. Jeu singulier de Charlot, destiné à masquer sa carence. Il s’est, et depuis longtemps – sinon depuis toujours – désintéressé de la revue – sauf à profiter des avantages qu’elle lui a procurés. Il faut que je veille à tout [34].

Et le 20 janvier : « Demain soir conversation très importante avec Charlot. Lequel de nous deux sera le plus adroit ? Je verrai bien. » [35]

Le 16 février, la suspicion s’accroît, parallèlement avec une remise en cause de soi-même :

Il se peut que je me trompe à propos de Charlot. Singulier et inquiétant personnage, dont je ne parviens pas à effacer la mauvaise impression qu’il produisit sur moi la première fois que je l’ai vu, en 1940. Cette amabilité constante, cette promptitude à tout accorder en paroles, cette réserve et cette faculté d’encaisser en esquivant constamment les coups de l’adversaire, ce regard qui se dérobe : on dirait un galet poli, sans arêtes, et que recouvre une mousse visqueuse. Qui est-il ? À quoi songe-t-il ? Nul ne le sait. Il ment, il dissimule, va son chemin, selon des voies qui lui sont propres.
Au moment où je commence à […] surmonter nervosité et colère, parce que je sais enfin que je ne serai jamais l’ami de Charlot, que je n’aurai plus confiance en lui, les autres (Scotto, Julius) commencent à s’inquiéter. Et il est vrai que le démon de l’argent m’habite, et me conduit [..] Devenu homme d’affaires pour rire, les affaires ont investi mon imagination, mon esprit, mon âme. C’est qu’aussi un conflit d’autorité est ouvert entre Charlot et moi. Comment se résoudra-t-il ? Je l’ignore pour le moment. En tout cas, je ne dois rien faire pour le provoquer : c’est à Charlot de se découvrir [36]

La situation financière continue de se dégrader. Le 8 avril, Amrouche avoue à Gide qu’il faudrait « prendre des mesures d’ici cinq ou six semaines pour trouver des ressources » Le 12 août 1947, à l’issue d’une réunion de trois heures, Charlot et son directeur financier Charles Poncet doivent se retirer de l’affaire. Le passif de l’affaire est alors de 22 millions. Amrouche est chargé de la liquidation, le personnel est licencié, Charlot retourne à Alger, les contrats sont remboursés progressivement avec les auteurs.

Amrouche va essayer pendant près de trois ans de relancer l’affaire, enchaînant les combinaisons les plus diverses. Désormais, sa fidélité ne va plus uniquement à l’homme Charlot, même s’il tente encore parfois de le maintenir dans le jeu, mais aux éditions qui portent son nom. S’agit-il pour lui de se lancer un défi, de tenter de relever à lui seul l’entreprise qui devait supplanter Gallimard ? Ou est-ce une fuite en avant qui lui permet de s’excuser de ne pas écrire les œuvres qu’il n’a au fond de lui pas le courage d’écrire ? Le 19 août, Dominique Aury écrit à Jean Paulhan :

Je suis revenue à Paris pour une petite semaine, pour L’Arche qu’Amrouche veut mettre en ordre avant de partir en vacances. Je ne sais pas encore si cette pauvre Arche sera sauvée du naufrage. Je le voudrais bien. Un nouveau conseil d’administration dont ne fait plus partie Charlot essaie de remettre sur pied la maison d’édition et d’éviter la catastrophe proprement dite [39]

Pour commencer, Jean Amrouche tente de recourir au soutien financier de Florence Gould, mais en vain ; le 26 septembre, il note : « F. G. ne se décide pas à signer le contrat dont elle m’a parlé. Sans doute a-t-elle percé à jour mon état, et désespère-t-elle de me voir vaincre la paresse. » Malgré cela, il tente de mettre sur pied un programme de redressement, qu’il expose à Jules Roy le 12 octobre :

La prochaine semaine sera très importante. Je ne ménagerai pas ma peine, ni toutes les ressources d’astuce que je puis avoir, pour sauver l’affaire. Deux dangers : V… / Le manque de capitaux frais.
Mon idée : un programme pour 6 mois/ un financement très progressif.
Le plus important : empêcher V… de nuire. À mon avis, le retour de Charlot dans l’affaire comme conseiller technique est indispensable. Je vais mettre au point un plan d’organisation intérieure que je soumettrai à l’approbation de l’assemblée générale. Je prendrai contact avec tous les membres influents. Mais c’est Charlot qui tient la clé. Il faut, ou bien qu’il assiste à l’assemblée – ce que je souhaite –, ou bien qu’il délègue ses pouvoirs à un autre que V… À mon sens il est très important que tu m’appuies, et que tu voies personnellement Charlot [41].

Le 19 octobre, il a « préparé les grandes lignes du plan de financement de la maison d’édition. La rédaction d’un brouillon de lettre à Florence Gould m’a pris beaucoup de temps. » Et il faut croire que son plan donne quelque espoir, puisqu’il peut noter, le 22 :

Je vais donc peut-être me trouver seul à la tête de cette affaire croulante. Ce sera l’occasion de donner ma mesure, et de triompher de ma faiblesse […] Car il s’agit bien de peur, de fuite devant les responsabilités […] Quant aux dettes, j’ai 9 mois pour en être quitte [42].

À défaut de Florence Gould, Amrouche essaie de susciter l’intérêt de Gide, envisage même un moment de faire une démarche auprès de Gaston Gallimard. Mais le 4 décembre, il écrit à Gide :

Les négociations en vue du renflouement des Éditions Charlot entrent dans la phase décisive. J’ai dû tout prendre en mains. Et j’espère m’en tirer honorablement. Réflexion faite je ne tente aucune démarche auprès de Gallimard [43]

Le 6 janvier 1948, alors que Gide prolonge son séjour à Neuchâtel, Amrouche semble avoir de meilleures nouvelles :

Éditions Charlot : je négocie toujours avec des hommes d’affaires, et nous approchons du but. Les créanciers sont convoqués pour le 20 janvier. L’affaire Charlot serait reprise par un libraire qui dispose de puissants appuis financiers […] Il va de soi que quand je parle des Éditions Charlot je considère que la revue en fait partie. Mais sur ce dernier point je ne prendrai aucun engagement sans votre accord [44]

Et dans la foulée, il annonce à Gide que ses Notes sur Chopin sont prêtes à être imprimées. Pour la circonstance, afin d’avoir les mains libres dans cette opération, il procède à un glissement de la maison d’édition à la revue, faisant paraître les Notes sur Chopin sous le label de L’Arche. Le 11 janvier, plein d’optimisme, il annonce l’imminence du lancement des Nouvelles Éditions Charlot, et du redémarrage de L’Arche :

Pauvre Charlot ! qui a gâché une chance qui ne se retrouvera jamais. Il a jeté ses amis dans des embarras inextricables : non point par malhonnêteté consciente, mais par imprévoyance et mégalomanie […] Mon obstination aura permis de sauver la face et l’entreprise elle-même. Ce serait une belle victoire si je parvenais à regrouper tous ceux qui avaient fondé quelques espoirs sur la maison d’édition et sur la revue. Certains, qui ont fait preuve de patience, n’attendent qu’un signe de moi. Quant aux autres, je pense que le succès affermira leur fidélité […] Il y aura donc un patron dans cette affaire, un homme d’argent. Que m’importe s’il fait son métier d’homme d’argent et me laisse faire le mien ! Nous n’en serions pas là si Charlot avait su se conduire. Et certes j’aurais préféré ramer avec lui, mais je ne pouvais sacrifier à Charlot des intérêts qui le dépassent [45].

Et le 23 janvier, après la réunion décisive du 20, il note : « Ce matin, rue Grégoire de Tours, ai dicté une note, précisant mon dernier plan sur la comète, destiné au salut des éditions et de la revue. » [46]

Toutefois, cette entreprise était bien fragile, comme le lui écrivait à cette époque Jean Paulhan, et supposait de « mener une vie très modeste », ce qui était peut-être une allusion au goût d’Amrouche pour l’argent. Le financier venu à la rescousse était Albert Grima, industriel algérien, à propos duquel Amrouche notait, le 30 janvier : « Grima me semble astucieux et solide. Il ne se mettrait pas sur le dos une dette de 12 millions, s’il n’était pas sûr de son affaire. » Et il ajoute :

C’est toujours la même raison qui m’incite à persévérer, à m’accrocher en dépit de tout à cette affaire. Me prouver que je puis m’appliquer à une entreprise « à l’occidentale », que je suis capable de monter et soutenir une entreprise [47]

Le 13 avril : « Albert Grima est enfin arrivé d’Alger. Il est dans les meilleures dispositions et tout me porte à croire que les Éditions Charlot et L’Arche vont pouvoir reprendre leur activité (p. 186) ». Amrouche se met donc au travail pour apurer les comptes, sachant qu’il va devoir « mettre en route une machine, sans huile et sans carburant [48]

Le 25 avril, il se dit « en passe de gagner la bataille des Éditions », mais ses amis le lâchent : le 30 mars, Jules Roy a réclamé son dû. Le 16 juin, Camus signifie par lettre recommandée à Amrouche qu’il se retire des éditions Charlot et réclame ses droits d’auteur pour Noces et Le Minotaure. En septembre va paraître le dernier numéro de L’Arche (numéro 27-28). Le 14 octobre, Amrouche annonce à Gide un « nouveau projet de renflouement » des éditions Charlot.

Malgré cette débâcle, des livres paraissent encore, et certains avec succès. Les Notes sur Chopin de Gide, en édition courante, sont suivies en juin 1949 d’une édition de luxe, pour le plus grand plaisir de Gide, et aussi pour son profit, ce livre apportant, au total des diverses éditions, 720 000 F. Les Hauteurs de la ville de Roblès obtiennent le prix Femina fin 1948. Mais le manque de capitaux ne permet qu’une production sporadique. Seulement 7 ou 8 titres paraissent en 1949, dont le Monserrat du fidèle Roblès, et 2 en 1950, semble-t-il, mais pas des moindres, puisqu’ils sont signés Adamov (en mars, deux pièces préfacées par Gide) et Camus (Le Minotaure, en mai). En septembre 1949 sort la Confession du pécheur justifié, préfacée par Gide, Dominique Aury obtenant à cette occasion le prix de la meilleure traduction de l’année [49].

Les projets de combinaison se succèdent en vain, comme une alliance avec « le machiavélique Henri Bauchau » en février 1949. En octobre, Amrouche propose à Jean Lambert, gendre d’André Gide, d’être secrétaire de rédaction de L’Arche. En vain. En mai 1950, il s’efforce de convaincre Gallimard de prendre en charge la maison d’édition, et le 9 juin, il tente encore une nouvelle combinaison d’arrangement entre les éditions Charlot et La NRF : « Il s’agirait de constituer une nouvelle société, avec la participation de La NRF qui pourrait trouver avantage à publier sous une autre marque une partie des manuscrits qui encombrent son Comité de lecture » afin de relancer ainsi « l’affaire Charlot nouvelle manière » [50]. Mais cette relance laisse sceptique Gide, qui juge que désormais c’est trop tard, l’heure de L’Arche est passée. Malgré les efforts d’Amrouche, le nom de Charlot va définitivement abandonner la place parisienne.

Pierre Masson
Communication lors du colloque « Edmond Charlot, libraire, éditeur engagé, ami des artistes », 19 mars 2015
Texte publié en 2015 dans _Le Lien_ numéro 66


Notes :

  1. Correspondance André Gide – Jean Amrouche, Presses universitaires de Lyon, 2010, p. 94.
  2. André Gide, Journal, Bibl. de la Pléiade, Gallimard, 1997, t. 2, p. 965
  3. Jean Amrouche, Journal, Non Lieu, 2009, p. 174.
  4. Ibid., p. 109.
  5. Idem.
  6. Ibid., p. 120.
  7. Ibid., p. 123.
  8. Ibid., p. 124-125.
  9. Ibid., p. 126.
  10. Ibid., p. 132.
  11. Ibid., p. 133.
  12. Guy Dugas, Roblès chez Charlot, Domens, 2015, p. 29.
  13. Correspondance André Gide- Jean Schlumberger, Gallimard, 1993, p. 952.
  14. Correspondance Gide-Amrouche, Presses universitaires de Lyon, p. 131.
  15. Correspondance Jean Amrouche-Jules Roy, Édisud, 1985, p. 57.
  16. Ibid., p. 60.
  17. Les Cahiers de la Petite Dame, Gallimard, 1975, t. 3, p. 327
  18. Correspondance Gide-Amrouche, p. 156.
  19. Correspondance Amrouche-Roy, p. 63.
  20. Correspondance Gide-Amrouche, p. 171-172.
  21. Amrouche, Journal, p. 148.
  22. Ibid., p. 149.
  23. Ibid., p. 150.
  24. Archives de la Fondation Catherine Gide.
  25. Ibid., p. 157.
  26. Roger Martin du Gard, Correspondance générale, Gallimard, 2006, t. 9, p. 169.
  27. Amrouche, Journal, p. 154.
  28. Correspondance Amrouche-Roy, p. 71.
  29. Ibid., p. 73.
  30. Amrouche, Journal, p. 160.
  31. Correspondance Amrouche-Roy, p. 78.
  32. Ibid., p. 74.
  33. Amrouche, Journal, p. 165.
  34. Ibid., p. 172.
  35. Idem.
  36. Ibid., p. 174.
  37. Correspondance Gide-Amrouche, p. 186.
  38. Correspondance Albert Camus-Jean Grenier, Gallimard, p. 127.
  39. Angie David, Dominique Aury, Léo Scherr, 2006, p. 109.
  40. Amrouche, Journal, p. 177.
  41. Correspondance Amrouche-Roy, p. 88.
  42. Amrouche, Journal, p. 178.
  43. Correspondance Gide-Amrouche, p. 192.
  44. Ibid., p. 195.
  45. Ibid., p. 199.
  46. Amrouche, Journal, p. 181.
  47. Ibid., p. 181.
  48. Ibid., p. 187.
  49. L’œuvre de James Hogg avait été envoyée à Gide en 1944 par Raymond Mortimer [ndlr].
  50. Correspondance Gide-Amrouche, p. 285.

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