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Hygiène et domination coloniale en Algérie française


Entre 1885 et 1913, les possessions ultra-marines françaises sont passées de moins d’un million de kilomètres carrés à treize millions. Extraordinaire expansion. Elle est sans précédent dans l’histoire du pays. Lequel, devenu la deuxième puissance impériale du monde après la Grande-Bretagne, est désormais confronté à des tâches difficiles, notamment en matière de santé. La majorité des contemporains souhaitent transformer les colonies en territoires prospères vers lesquels convergeront hommes et capitaux. L’avenir semble radieux ; les réalités le sont moins. Nombreux sont les soldats, les fonctionnaires et les colons qui meurent au cours « d’aventures » qui ont parfois débouché sur des désastres bien connus des médecins.

Outre-mer, constate le Dr Gustave Reynaud, la mortalité des militaires français, due à des maux divers, s’élève à 74 ‰ contre 18,8 ‰ parmi les forces du Royaume-Uni engagées aux Antilles et 15,18 ‰ en Inde. En ce qui concerne la morbidité – c’est-à-dire le nombre d’individus malades au sein de l’armée pendant une période donnée –, les chiffres sont plus terribles encore, observe P.-J. Navarre : elle « n’est jamais moindre de 50 % » lorsque les campagnes sont de courte durée, et elle atteint 96 % quand celles-ci se prolongent [1]. De plus, l’absence de politique sanitaire efficace, dans les colonies comme dans l’Hexagone, a parfois compromis jusqu’au bon déroulement d’opérations militaires pourtant jugées essentielles par le gouvernement. Au printemps 1881, alors que ce dernier prépare l’importante expédition de Tunisie et que deux divisions sont sur le pied de guerre, l’une à Marseille, l’autre à Toulon, les soldats rassemblés dans des casernements insalubres attrapent « les germes de la fièvre typhoïde ». Bilan : 5000 malades et 844 décès [2] ! Enfin, dans des contrées exotiques toujours insalubres, l’entretien de troupes permanentes et des fonctionnaires coûte fort cher. Plus grave, une telle situation condamne le pays à une « action précaire », « souvent stérile » et « ruineuse » pour la métropole, obligée de « renouveler incessamment son personnel» [3], écrit le gouverneur général de l’Indochine, Paul Doumer, en 1901 dans un rapport officiel.

Les médecins et nombre de hauts fonctionnaires coloniaux savent donc l’insalubrité du climat, la corruption des sols et des eaux, la dangerosité des « indigènes » porteurs de maladies tropicales souvent transmissibles et incurables, et la virulence des épidémies. Guérir ? Eu égard aux moyens de l’époque, la réalisation de cet objectif est très incertaine. Il faut donc prévenir de toute urgence pour assurer la sécurité sanitaire des Français expatriés. Ainsi pourront-ils accomplir leur « mission civilisatrice ». Tel est le rôle de l’hygiène coloniale.

Mettant « à contribution » l’anthropologie, la climatologie, la géographie médicale, la « chimie », la « bactériologie », la « parasitologie », les statistiques, la psychologie ethnique, auxquelles s’ajoutent les compétences des « pharmaciens, des architectes », des urbanistes et des « ingénieurs », les médecins font de l’hygiène une « science pratique » qui peut être qualifiée de totale. Totale, elle l’est aussi puisque ses prescriptions doivent s’étendre à l’ensemble de la société coloniale conçue comme un vaste corps physique, sexuel, économique, social, urbain et politique. Chaque partie de cet organisme devant se soumettre aux lois de l’hygiène afin de « procurer » aux individus et à la collectivité « le maximum de rendement » [4], affirme le Dr Allyre Chassevant en 1920.

Entre autres motivée par l’extrême dangerosité sanitaire et morale des « indigènes », la somme des prescriptions élaborées par les hygiénistes détermine un véritable mode de vie colonial qui embrasse tous les comportements, qu’ils soient intimes, privés ou publics. De là cette attention sourcilleuse des médecins qui se traduit par une prolifération de conseils, souvent impératifs. Ils portent notamment sur la sexualité interraciale, jugée particulièrement néfaste en raison de ses conséquences physiques et psychologiques désastreuses, de la corruption des mœurs dont elle est à la fois l’expression et la cause, et des maladies vénériennes qu’elle favorise.

Il faut préciser que cette sexualité interraciale concerne les relations charnelles libres de toute rémunération, la fréquentation des prostituées autochtones et les liaisons susceptibles de se nouer en métropole entre des femmes françaises et des Nord-Africains présents dans l’Hexagone.

« Indigènes » algériens, périls vénériens et mixophobie

En Algérie, l’absence d’hygiène des femmes « indigènes » entretient « à l’état permanent des maladies de sang souvent syphilitiques », soutient Pétrus Durel dans La Femme dans les colonies françaises. Études sur les mœurs au point de vue myologique et social [5] publié en 1898. Ce que confirme, vingt-cinq ans plus, le Dr Georges Lacapère lorsqu’il publie son ouvrage consacré à la syphilis dite arabe [6]. Elle est jugée particulièrement dangereuse en raison de son caractère endémique et de ses particularités qui affectent à la fois les hommes et les femmes arrivés du Vieux Continent, et leurs descendances. La virulence de cette infection, qui présente des caractéristiques propres selon les praticiens, a souvent des effets très importants pour les Européens dont la vie personnelle et les activités professionnelles peuvent être gravement compromises. Les risques sont plus grands encore lorsque les premiers fréquentent des prostituées « indigènes » qui travaillent de façon clandestine, car, à la différence de celles exerçant dans les maisons closes et les quartiers réservés des réglementarismes coloniaux, elles échappent aux contrôles médicaux de l’administration.

De là la mise en place d’un double système prostitutionnel qui repose sur la ségrégation et qui témoigne de la mixophobie évoquée. Comme Ch. Taraud l’a montré, certains établissements sont réservés aux femmes arabes et à leurs clients maghrébins, tandis que d’autres n’emploient que des Européennes et accueillent uniquement des hommes venus du Vieux Continent. Jusque dans les années 1950, la tenancière du célèbre lupanar d’Alger, le Sphinx, déclare : « Ici, c’est strictement réservé aux Européens. Quel qu’il soit, un bicot ne franchit pas ce seuil [7]. »

En Algérie et plus généralement au Maghreb, en Afrique noire et en Indochine, la situation est claire : l’autochtone de sexe féminin, prostituée ou non, est pensée comme un « réservoir » infectieux susceptible de transmettre des maux nombreux et graves qu’il est difficile de soigner. Aussi est-il demandé aux Blancs de s’abstenir le plus possible de tout commerce charnel avec les femmes « indigènes ». À la différence des relations sexuelles entre homme et femme européens, qui relèvent d’un usage modéré des plaisirs, puisqu’ils ne sont pas en soi condamnés lorsqu’ils demeurent assujettis aux règles de l’hygiène et aux justes devoirs de la procréation qu’il faut encourager dans les colonies de peuplement afin d’augmenter le nombre des colons, il en va ici autrement. Au nom de la défense de la santé individuelle et publique, et de la préservation des bonnes mœurs coloniales, le but souhaité est la proscription de fait des relations et des unions interraciales.

La règle que les expatriés en outre-mer doivent respecter peut se résumer ainsi : proscrivez toute relation « mixte », demeurez entre homme et femme du Vieux Continent ; là est votre bonheur, votre honneur, et votre intégrité physique et psychologique. De plus, vous échapperez à l’indigénisation, cette déchéance qui frappe beaucoup de ceux qui sont en ménage avec des femmes « indigènes ». Les pratiques établies dans les possessions britanniques sont souvent citées comme modèles par les praticiens français en raison de leur efficacité [8].

S’il est impossible, en Algérie française notamment, de recourir à la loi ou au règlement pour interdire les relations et les unions « mixtes », la norme sociale pallie fort bien l’absence de disposition juridique. Les femmes qui fréquentent des « Arabes » basculent presque immédiatement dans la catégorie des « gens pas très recommandables » dont la mauvaise réputation affecte aussi les Français qui continuent à les voir cependant qu’un « voile d’infamie » est promis à ceux qui méconnaissent la proscription ancienne des relations et des couples « interraciaux ». À cela s’ajoute, dans ce « pays cloisonné » où « l’on se côt[oie] sans un regard », une multitude de « frontières » religieuses, « raciales et sociales » [9] qu’il est dangereux de franchir. « L’indigène » de sexe féminin ou masculin ? En dehors des relations imposées par les nécessités du travail et du commerce, il demeure un « étranger » infréquentable avec lequel nul ne saurait durablement se compromettre sans perdre son honorabilité. De là, cette culture et ces pratiques de l’entre-soi, « au milieu des siens [10] », avec d’autres Français et Européens cependant que les « Arabes » sont maintenus dans les marges réelles et symboliques de la société coloniale.

Cette condamnation des mariages mixtes vaut aussi en métropole où ils sont également présentés comme une menace pour la sécurité sanitaire des Françaises en raison de la tuberculose et de la syphilis, affirme Georges Mauco dans la thèse publiée en 1932 qui l’a fait connaître : Les Étrangers en France. Leur rôle dans l’activité économique.

Aux périls liés à la fréquentation des femmes « indigènes », d’autres s’ajoutent ; celui de l’homosexualité notamment.

En 1884, Guy de Maupassant, soutient que les « amours […] entre êtres du même sexe » sont légions en Algérie où elles témoignent du « caractère particulier » du « peuple arabe » [11]. Dans le champ médical et académique, cette inclination particulière est confirmée par le Dr Adolphe Kocher lorsqu’il soutient avec succès sa thèse de médecine légale la même année. Les causes de cette perversion supposée : le caractère des Arabes et la polygamie dont l’un des effets est de restreindre le nombre de femmes disponibles et de favoriser ainsi des amours jugées contre-nature. Soucieux d’étayer son analyse par des détails significatifs, considérés comme autant de preuves empiriques qui en confirment la justesse, ce médecin ajoute : le « costume » des « indigènes » atteste la fréquence de l’homosexualité masculine puisque « leur pantalon à la turque porte fréquemment un orifice siégeant vers le niveau de l’anus ». « Parfaitement dissimulé par les plis du pantalon », cet orifice leur permet de « se livrer, commodément et sans se déshabiller, à leur honteux commerce » [12].

L’ensemble est soutenu par des analyses diverses mais convergentes relatives à l’hypersexualité des Nord-Africains favorisée, affirme l’ethnologue Arnold Van Gennep, par le « climat » et « l’oisiveté » [13] des hommes. De là des conséquences néfastes qui affectent gravement la moralité, l’ordre et la sécurité publics. Plus encore, sans doute, qu’en métropole, l’hygiénisme colonial est inséparable d’un moralisme destiné à réformer les mœurs des Européens expatriés afin qu’ils se conforment aux règles édictées par les praticiens. Au-delà des individus visés, il s’agit de faire en sorte qu’ils soient capables d’accomplir leur mission dans les meilleures conditions possibles : contribuer au développement économique et social de l’Algérie.

Si le respect des règles d’hygiène est nécessaire dans la sphère de l’intimité, il n’est cependant pas suffisant. Pour assurer une sécurité sanitaire optimale aux hommes et aux femmes du Vieux Continent présents dans les colonies, il est indispensable de transformer les agglomérations conformément aux prescriptions des médecins et aux dispositions nouvelles conçues par les urbanistes.

Hygiène publique et urbanisme

Tous estiment qu’il y a urgence à créer une cité coloniale nouvelle, blanche du point de vue de sa composition raciale et distincte des quartiers « indigènes » qui seront, autant que faire se peut, relégués à la périphérie ou, lorsque c’est impossible, séparés des zones réservées aux Européens. À l’hygiénisation de la vie intime et domestique s’ajoute l’hygiénisation de la ville, sans laquelle l’action des autorités publiques demeurerait partielle et inefficace. La seconde opère sur une tout autre échelle que la première : elle vise la population blanche dans son ensemble pour sécuriser, sur le plan sanitaire, les lieux où elle vit et travaille, et en contrôlant sa répartition sur le territoire afin d’éviter des concentrations humaines trop importantes, propices à la propagation des épidémies. Un principe recteur est au fondement de cette (re)-structuration urbaine souhaitée : la séparation ou la ségrégation, comme l’écrit la majorité des spécialistes qui emploie ce dernier terme de façon courante. À preuve, le vœu adopté par le Congrès colonial français de 1905 à la demande de la section médicale. Il est ainsi rédigé : « qu’il soit établi une séparation complète entre les villages indigènes et les villages habités par les Blancs et, dans les limites d’une même agglomération, que les habitations des uns et des autres soient établies dans des quartiers différents [14] ».

Jusqu’à cette date, ce type de recommandation demeurait l’apanage presque exclusif des spécialistes et d’un pouvoir médical qui peinait à se faire entendre des autorités métropolitaines et coloniales, désormais, de telles prescriptions vont être au fondement de politiques publiques qui, à des rythmes variés, vont être mises en œuvre dans les possessions françaises et en Algérie. L’ouvrage collectif dirigé en 1907 par les médecins André Chantemesse et Ernest Mosny en témoigne puisqu’il s’agit d’établir un bilan de la situation sanitaire et urbaine des colonies et de faire des recommandations précises sur les mesures à prendre. En ce qui concerne les villes « indigènes » d’Algérie et de Tunisie, les auteurs dénoncent leur insalubrité et leur dangerosité liées aux populations « indigènes » qui y vivent, et à la configuration même de ces agglomérations traditionnelles. On y découvre, en effet, une multitude de rues étroites et sombres, véritables « boyaux » qui sont autant de « coupe-gorge » et d’urinoirs qui exhalent une « puanteur homicide » [15]. Nuisible à la santé comme à l’ordre publics, de telles structures urbaines sont également un obstacle majeur à la « mise en valeur » des colonies et au développement d’une ville et d’une économie modernes, lesquelles doivent permettre la circulation accélérée et aisée des hommes et des marchandises. Pour protéger les Européens des dangers des agglomérations indigènes et des populations qui s’y trouvent, la puissance coloniale doit donc prendre des mesures qui passent par la construction de villes ou de quartiers nouveaux et séparés.

Mais il faut résoudre aussi la « question du voisinage » des « indigènes », qui « fournissent partout la main-d’œuvre » et sont parfois, pour « plus de commodités », « logés tout près des fermes » où vivent leurs employeurs français. Erreur funeste, car « nous savons » qu’eux-mêmes, et leurs enfants plus encore, constituent un « réservoir de virus paludéen », auquel s’ajoutent des désagréments dangereux comme la « vermine », écrivent les frères Sergent. Forts de ces constats, ils militent pour « l’éloignement des familles autochtones, qui doivent être repoussées à plus d’un « kilomètre au moins ». Enfin, ces praticiens célèbres dénoncent les lenteurs de l’administration en Algérie et en Tunisie, alors que la « diffusion de l’hygiène en Afrique du Nord » conditionne « l’établissement d’une population française » nombreuse et « l’avenir » [16] de ces possessions.

Éloigner les « indigènes » des zones habitées par les Européens ou s’éloigner de ces derniers : peu importe, pourvu que la séparation soit effective. Lorsque l’histoire urbaine et des considérations édilitaires rendent impossible l’édification d’une ville nouvelle pour les « Blancs », il faut construire des villages autochtones en périphérie afin « d’éviter », autant que possible, « la cohabitation dans un même quartier » des « populations » locales et européenne, affirme le célèbre urbaniste Raymond Danger. Grand admirateur des réalisations du général Lyautey au Maroc, fort d’une expérience acquise avec son frère entre 1931 et 1935 à Alep, Beyrouth, Antioche et Damas, où ils ont appliqué les principes du zonage et de la séparation – ce qui témoigne de la généralisation progressive de ces derniers au sein de l’empire –, Danger déplore l’installation des Français dans la « ville arabe » de Bône, en Algérie. Pour résoudre les problèmes de santé et de sécurité publiques que cela engendre, il préconise de refouler les « indigènes » vers un « site salubre » situé à proximité, où ils pourront vivre conformément à leurs « mœurs » [17]. Au-delà des différentes solutions proposées et mises en œuvre à des rythmes variés, il se confirme que la ségrégation est souvent associée à une sorte de purification ethnico-raciale susceptible de prendre des formes diverses.

La structure urbaine et ségréguée de la ville coloniale n’organise pas seulement l’espace en territoires distincts, elle détermine aussi les relations entre Français et autochtones. L’ensemble fait système, puisque ces relations sont à leur tour les garantes de l’effectivité de la ségrégation ; elles sont donc essentielles au bon fonctionnement de la ville coloniale fondée sur la séparation et la discrimination des « indigènes » [18].

Contrairement au mythe paternaliste ou fraternaliste forgé par de nombreux Français, qui affirment avoir entretenu de bonnes relations avec les « Arabes », dans leur écrasante majorité, les premiers sont restés à « l’écart ». « Dédaigneusement à l’écart », écrit Mouloud Feraoun, car « ils croyaient que l’Algérie, c’était eux ». Quant à « l’indigène », pour la majorité des Européens, il est un « homme de peine » ou une « femme de ménage », un « être à part, bien à part et qu’on laisse où il est ». En 1954, après le déclenchement de la guerre de libération, les frontières intérieures se renforcent : le « quartier arabe » d’Alger, « plein de musulmans plus ou moins loqueteux, […] louches » et « antipathiques », est devenu plus dangereux, et ces hommes plus infréquentables que jamais [19]. Lumineuse analyse.

Olivier Le Cour Grandmaison
Communication lors du colloque « La santé en Algérie avant l’indépendance » 15 mars 2017
Texte paru dans Le Lien numéro 68

Note de la rédaction
Voici la citation précise de Maupassant correspondant à la note 11, p. 28 :
« C’est là une matière fort délicate, mais qu’on ne peut passer sous silence quand on veut essayer de raconter la vie arabe, de faire comprendre le caractère particulier de ce peuple.
On rencontre ici à chaque pas ces amours antinaturels entre les êtres du même sexe que recommandait Socrate, l’ami d’Alcibiade. »


Notes :

  1. Cité par P.-J. Navarre, Manuel d’hygiène coloniale. Guide de l’Européen dans les pays chauds, Paris, O. Doin, 1895, p. 424. Médecin de la marine et professeur d’hygiène coloniale à la Chambre de commerce de Lyon, Navarre (1849-1922) a publié de nombreux articles et ouvrages consacrés aux maladies tropicales ; son Manuel est longtemps resté un classique.
  2. Dr P. Reille, « La mortalité dans l’armée », Annales d’hygiène publique et de médecine légale, 1903, série 3, no 49, p. 135.
  3. P. Doumer, « Rapport au Conseil supérieur de l’Indo-Chine (session extraordinaire de février 1902) », Situation de l’Indo-Chine (1897-1901), Hanoi, F.-H. Schneider, 1902, p. 112. Doumer (1857-1932) fut par la suite député puis sénateur. En mai 1931, il est élu président de la République. Il fut assassiné un an plus tard. Cf. A. Lorin, Une ascension en République. Paul Doumer (1857-1932), d’Aurillac à l’Élysée, Paris, Dalloz, 2013.
  4. Alyre Chassevant, « L’hygiène collaboratrice de la victoire et de la reconstitution nationale. Son rôle en Algérie », Annales d’hygiène publique et de médecine légale, 1920, 4, 33, p. 331. Chassevant (1865-1933) fut professeur à la faculté de médecine de Paris, puis d’Alger.
  5. Pétrus Durel. La Femme dans les colonies françaises. Études sur les mœurs au point de vue myologique et social, Paris, J. Dulon, 1898, p.33.
  6. Cf. Dr G. Lacapère, La syphilis arabe, Paris, Doin, 1923. Cet ouvrage fut primé par l’Académie de médecine la même année.
  7. Ch. Taraud, Amour interdit. Marginalité, prostitution, colonialisme (Maghreb 1830-1962), Payot, 2012, p. 69.
  8. Cf. l’ouvrage classique du docteur britannique Charles. S. Grant, Petit guide d’hygiène pratique dans l’Ouest africain, traduit par Pierre-Just Navarre, Paris, O. Doin, 2e édition, 1893. Trente ans plus tard, le Dr François Jauréguiberry vante toujours le comportement des Anglais qui se gardent de « tout contact indigène ». Les Blancs en pays chauds. Déchéance physique et morale, Paris, Maloine & Fils, 1924, p. 51.
  9. Monique Rivet, Le Glacis, Paris, Métailié, 2012, p. 24-25 et 68. Albert Camus confirme cette situation : « Depuis plus d’un siècle que nous occupons l’Algérie, écrit-il, on ne signale presque pas de mariages mixtes ni d’amitiés franco-musulmanes » Le Premier Homme, in : Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2008, t. IV (1944-1948), p. 863. En 1928, Octave Depont constatait que les mariages interraciaux étaient extrêmement rares dans cette colonie où « la société européenne professe une sorte de répulsion pour ces alliances ». L’Algérie du centenaire, Paris, Sirey, 1928, p. 46. Chef de cabinet du préfet d’Alger puis sous-préfet dans les Deux-Sèvres, Depont (1862-19..) a publié plusieurs ouvrages.
  10. Jean Cohen, « Colonialisme et racisme en Algérie », Les Temps Modernes, 119, novembre 1955, p. 589.
  11. Guy de Maupassant, « Province d’Alger », Au Soleil, [1884], Paris, Pocket Classiques, 1998, p. 65.
  12. Adolphe Kocher, De la criminalité chez les Arabes au point de vue de la pratique médico-judiciaire en Algérie, Paris, Baillière, 1884, p. 168 et 171.
  13. A. Van Gennep, En Algérie, Paris, Mercure de France, 1924, p. 172. Professeur d’ethnographie et d’histoire des civilisations à l’université de Neuchâtel, Van Gennep (1873-1957) a dirigé la Revue d’ethnographie et de sociologie. Il s’est fait connaître par son livre Les Rites de passage (1909) qui demeure une référence.
  14. Congrès colonial française de 1905, Paris, 1905, p. 304.
  15. E. et É. Sergent, « Hygiène de l’Afrique septentrionale », in : A. Chantemesse et E. Mosny (dir.), Hygiène coloniale, Paris, Baillière & Fils, 1907, p. 139-151. Auteur de 592 publications scientifiques et titulaire de la médaille d’or de la Société de pathologie exotique, Edmond Sergent (1876-1969) fut directeur de l’Institut Pasteur d’Alger de 1912 à 1962.
  16. E. et É. Sergent, « Hygiène de l’Afrique septentrionale », in : A. Chantemesse et E. Mosny (dir.), Hygiène coloniale, Paris, Baillière & Fils, 1907, p. 139-151.
  17. R. Danger, « État de l’assainissement de la ville de Bône (Algérie), L’Urbanisme aux colonies et dans les pays tropicaux, Paris, Les Éditions d’urbanisme, 1932, t. II, p. 82-84.
  18. La « ville indigène » est « un lieu mal famé, peuplée d’hommes mal famés. […] C’est une ville de nègres, une ville de bicots », note ainsi F. Fanon. Les Damnés de la terre, (1961), Paris, La Découverte, 2002, p. 42-43.
  19. M. Feraoun, Journal 1955-1962, Paris, Seuil, 1962, p. 45 et 179. « Dans les villes ou bourgades algériennes, constate aussi Saïd Faci en 1936, deux sociétés nettement distinctes vivent côte à côte : les Européens, dont les maisons forment les meilleurs quartiers, et les Indigènes, dont les gourbis sont regroupés dans des quartiers spéciaux qu’on appelle improprement des “villages nègres” », L’Algérie sous l’égide de la France. Contre la féodalité algérienne, préface de M. Viollette, Toulouse, p. 24. En 1944, le vice-président de l’Assemblée consultative provisoire, le député communiste André Mercier observe : « Plus de 4 millions d’Arabo-Berbères logent dans des conditions déplorables d’hygiène. […] Les bidonvilles déshonorent la banlieue de la plupart des villes algériennes ». Contributions à l’étude des réformes politiques, sociales et économiques en faveur des musulmans français d’Algérie, Alger, Imprimerie officielle, 1944, p. 61.

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