MAX MARCHAND, DE MOULOUD FERAOUN
ET DE LEURS COMPAGNONS
CSE Bulletin de liaison N°4
Bulletin de liaison, d'information et de documentation N°4
diffusé par le Service des Centres Sociaux Éducatifs
Château Royal, El-Biar, Alger
Août-Septembre 1956
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Sommaire
- Editorial par M. CAPDECOMME, Recteur de l'Académie d'Alger
- Les Centres Sociaux et l'éducation de base, par M. AGUESSE
- De l'éducation sanitaire, par M. le Professeur LACROIX
- Administration et organisation des Sociétés Agricoles de Prévoyance
- Autour du magnétophone
- Stage de formation au Centre audio-visuel de Saint-Cloud
- Le Congrès de Berlin 30 juillet - 3 août 1956
INFORMATIONS: - Arrêté du 7 septembre 1956 concernant le recrutement d'agents contractuels dans le Service des Centres Sociaux
- Réflexions sur le sens de l'éducation en milieu féminin dans les Centres Sociaux (texte en arabe)
EDITORIAL
La mission des Centres Sociaux est définie par les textes qui les ont créés : ils doivent donner une formation sociale au sens le plus large et non pas seulement un enseignement de base. Les premiers Centres sont en place, d'autres vont s'installer.
Il m'a été donné d'assister aux réunions du mois de juillet les responsables des activités nouvelles confrontaient leurs points do vue, cherchant à tirer le fruit de leurs premiers essais et à définir les modes d̀'action efficaces. En un temps trop bref à mon gré, j'ai mesuré l'enthousiasme, la foi, le dévouement de tous ces animateurs venus aux Centres Sociaux d'horizons très divers, Enseignement, Administration, Hygiène sociale ou médicale, milieux techniques, unanimes dans leur volonté de mettre leur expérience en commun et de dégager les procédés d'action les plus fructueux pour les populations à élever matériellement, socialement et intellectuellement.
Le problème posé par la jeunesse algérienne et par le milieu social que l'on veut promouvoir autour d'elle est immense. Tout le monde doit s'accorder à reconnaître que vouloir le résoudre dans l'immédiat par simple extension des méthodes classiques d'enseignement serait un leurre, Ces méthodes ne valent qu'avec un nombre suffisant de maîtres et de classes et surtout avec des populations socialement préparées.
Le premier but des Centres Sociaux est d'accélérer cette préparation partout où cela est nécessaire en Algérie. Ils doivent montrer à tous l'intérêt pratique du savoir, convaincre les adultes par l'expérience, donner aux adolescents les notions qui leur permettront de mieux vivre, et créer ainsi les conditions préalables à la scolarisation normale complète de la jeunesse algérienne.
Les Centres Sociaux se déclarent avec "humilité" - c'est leur propre expression - les éclaireurs des systèmes classiques d'Education qu'on ne pourrait brusquement appliquer à des populations insuffisamment évoluées, même si on en avait les moyens matériels. Partout ils doivent être complémentaires des institutions existantes et préparer leurs développements. Ils se garderont de créer des enseignements agricole ou technique là où existent des Centres de formation adaptés, mais, dans ce cas, ils pourront sélectionner des élèves aptes à profiter de ces enseignements. Ainsi les Centres Sociaux ne se substituent nullement aux Enseignements classiques et leur existence ne saurait en rien ralentir l'extension de ces Enseignements. Ils sont au contraire destinés à la préparer et à l'accélérer.
Dans leur action d'avant-garde, les Centres Sociaux vaudront par la grande latitude qui leur est laissée et par la qualité de leurs liaisons avec l'ensemble plus rigide qu'ils précèdent. Leur souplesse est en effet une de leurs qualités primordiales. Ils ne sont pas encombrés d'une réglementation qui pourrait être paralysante. Si leur but général, humain, est défini, leur mode d'action peut s'adapter aux circonstances et aux lieux.
Apparemment humble, provisoire, mais capitale, l'action des Centres Sociaux doit être épaulée sans réserve par tous les Services attachés à l'œuvre d'Education en Algérie, et, au premier chef, par l'Education nationale dont ils sont partie. La coordination au sommet n'est pas suffisante, il faut compter sur les liens personnels dus à la variété même du recrutement des Centres Sociaux, sur la mise en commun d'idées et de valeurs qui doit résulter de réunions et de journées d'études largement ouvertes à tous les éducateurs et à tous les Services. Point n'est besoin de réinventer des méthodes ou des procédés si le voisin peut les mettre à notre disposition ou si une simple confrontation de points de vue peut faire apparaître des solutions immédiates.
L'effort d'Education en Algérie ne doit pas être commandé par l'intérêt ou même par le simple amour-propre de telle ou telle catégorie d'Educateurs. J'ai beaucoup apprécié l'état d'esprit des dirigeants des Centres Sociaux qui, affirmant l'humilité de leur tâche n'ont pas hésité à en déclarer le caractère transitoire. Créant les possibilités d'implantations des institutions normales, leur plein succès se traduira par leur disparition au bénéfice de celles-ci. Que les animateurs d'un organisme nouveau cherchent sciemment à réaliser les conditions qui le rendront un jour sans objet, n'est pas une médiocre preuve de désintéressement et de hauteur de vue.
Les Centres Sociaux ont beaucoup à faire avant de pouvoir déclarer leur tâche achevée : ils évolueront en s'adaptant à l'évolution du milieu qu'ils auront eux-mêmes provoquée. Leur exemple et les expériences qu'ils permettront de réaliser doivent laisser leur marque dans l'assouplissement des institutions trop rigides que nous fournit la Métropole. Préparant en éclaireurs l'extension de tous les autres services de l'Education nationale, ils peuvent prendre sur chacun d'eux, un appui confiant. Enseignement primaire, Enseignement professionnel, Cours d'Adultes, Hygiène Scolaire, Jeunesse, Sport, sont également intéressés à la même œuvre humaine d'Education et d'Instruction; aucun service ne faillira dans l'ambition commune d'élever le niveau social et intellectuel de la population algérienne.
L. CAPDECOMME
Recteur de l'Académie d'Alger