MAX MARCHAND, DE MOULOUD FERAOUN
ET DE LEURS COMPAGNONS
6 octobre 2011 – 6 octobre 2012, Souvenons-nous ensemble
...ou Merci à Jeanne Puchol pour son livre Charonne - Bou Kadir, 1961-1962 une enfance à la fin de la guerre d’Algérie
Le 6 octobre 2011 avait lieu l'inauguration de la stèle dédiée à toutes les victimes de l'OAS. à Paris. En février 2012, un hommage aux morts de Charonne s'est conclu par un dépôt de gerbe au Père-Lachaise auprès du tout nouveau monument – que l'on voit aussi représenté dans le livre de Jeanne Puchol. Le 6 octobre 2012, c’est aussi la date de ce merci à Jeanne Puchol pour son travail de mémoire.
Jeanne Puchol a publié en 2011 un ouvrage illustré – presque une BD – intitulé Charonne - Bou Kadir, 1961-1962 une enfance à la fin de la guerre d’Algérie aux éditions Tirésias.
L’auteur interroge ses parents, originaires d’Algérie, sur la mémoire qu’ils ont gardé de la manifestation de Charonne, dont chacun connaît l’issue tragique. Ce jour-là, c’était « au tour » de la mère d’y représenter le jeune couple militant, déjà chargé de famille. Ce dialogue est une contribution à l'histoire de tous, mais surtout de chacun.
L’enquête rend compte du flottement des mémoires lié à l'attention subjective qui nous lie au monde (partielle, intermittente, prestement refoulée ou biaisée d'entrée) et à la différence des vécus.
On y sent, autour de la table familiale, quasi le temps (le vent ?) qui passe dans les têtes, on perçoit la fermeté douce des questions. Elles sont adressées aux parents sur la base d’un acquis historique mais l’enjeu en est manifestement personnel.
Nous savons ou croyons savoir l’incertitude et malgré tout le prix de la mémoire. Nous éprouvons parfois la sollicitation d’un passé resté indistinct.
Ici, cela devient sensible et touchant.
Par la vertu du détail, des images et des mots : la ressemblance de l’auteur adulte à l’enfant petite et grande maintenant, l'évocation lointaine du couple Puchol dans son fonctionnement courageux, conséquent, égalitaire. Et même par la filiation lisible dans la simplicité de l'écriture et du graphisme; dans la posture et les choix de la narratrice dessinatrice.
Historiquement, je n'avais jamais rien lu sur Charonne. J'ai donc appris loin des clichés…
Il doit y avoir d'autres choses, mais le but n'est pas de tout dire.
Seulement merci à l’auteur. Et aux lecteurs du Lien un encouragement à aller y voir.
Françoise Savarin Nordmann
octobre 2012 à Paris
Texte publié dans Le Lien 62, avril 2013
♦ LIVRE :
Charonne-Bou Kadir, 1961-1962 une enfance à la fin de la guerre d’Algérie de Jeanne Puchol,
Paris, Tirésias, coll. Lieu est mémoire, 2011, 12,20 €.