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CSE Bulletin de liaison N°16


Attention aux brûlures
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Bulletin de liaison, d'information et de documentation N°16
diffusé par le Service des Centres Sociaux Éducatifs
Château Royal, El-Biar, Alger
4e Trimestre 1960 (imprimé en février 1961)

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Sommaire

  • Éditorial (par Marcel LESNE)
  • L'entr'aide dans la société kabyle (par Mouloud FERAOUN)
  • Initiation à la Coopération
    — Cours de M. Burkhort eu stage de chefs de Centre (avril - Juin 60)
  • Tentatives d'action coo pérative dans les CSE
    — Les ateliers coopératifs des Attafs (par A. RAMLA)
    — La fabrication de ma tériaux à Tafaraoui (par BEKKAT BERKANI ABDELHAMID)
    — L'atelier de menuiserie d'Er-Rahel (par L. CARL)
    — La coopérative ouvrière de Ben-Zerga (par R. MAHI)
    Informations
    Documentation :
  • Le mouvement coopératif en Algérie (par M. BURKHARDT, Secrétaire général de l'Association pour le développement de la Coopération en Algérie)
  • Les coopératives d'éducation de Base en Algérie (par D. GEV|N)
  • Statuts de l'Association pour le développement des coopératives d'éducation de Base en Algérie
  • Nouveaux documents réalisés pa rle service

EDITORIAL

Là création de Coopératives d'Education de Base peut être considérée comme une étape importante dans l'histoire des Centres Sociaux Educatifs, Elle permet d'introduire à côté des autres activités éducatives, une véritable formation coopérative ; elle place également entre les mains du Chef de centre, un instrument qui l'aide à inscrire concrètement son action dans le domaine économique.

Chacun sait que la véritable éducation de base doit aboutir, plus ou moins rapidement, à une amélioration des conditions de vie. Les adolescents ou adultes des deux sexes qui fréquentent le Centre Social Educatif désirent sans doute étudier les signes de connaissance ou acquérir des techniques simples ; mais le souci souvent angoissant d'assurer leur subsistance les pousse à rechercher le profit immédiat, fut-il dérisoire. Nos auditeurs vivent misérablement et sont à l'affût du moindre petit gain. L'éducateur de base doit en prendre son parti et reconnaître en toute humilité que l'enseignement purement didactique ne les attire pas tous jours suffisamment. Aussi, faut-il essayer de favoriser une fréquentation plus régulière du Centre en leur offrant, au cours des différents cycles d'enseignement qui leur permettront d'être mieux armés dans la vie, de modestes avantages obtenus par un travail en commun dans le cadre des activités du centre. Ils apprendront ainsi non seulement à améliorer leurs ressources, mais aussi à le faire en réunissant leurs efforts individuels pour le bien de la communauté. Mieux vaut utiliser ce besoin d'avantages matériels en préconisant l'effort qu'en procédant à des distributions qui n'ont rien d'éducatif et qui finissent par humilier.

Les coopératives d'éducation de base seront donc des coopératives de mieux-être, à l'échelle des modestes moyens dont disposent les centres, situées au niveau économique et culturel des collectivités sous-développées qu'il s'agit de faire évoluer, en leur proposant des efforts à la mesure de leurs moyens et de leurs capacités.

Fidèles en cela à la doctrine d'éducation globale, les coopératives d'éducation de base doivent aussi permettre une ascension collective des intéressés. Il importe moins en effet de permettre à quelques-uns de se hisser qu'aider la masse tout entière à monter. À cet égard, elles constituent le moyen idéal permettant à des individus de se sentir solidaires du groupement tout entier.

Il conviendra également de les présenter comme une forme moderne d'association et d'entr'aide, adaptée aux conditions de vie de notre époque. Si certaines institutions traditionnelles d'entr'aide ont disparu, se sont affaiblies ou se trouvent vidées de toute substance, le sentiment de solidarité est solidement ancré au cœur des hommes qui vivent dans un pays où l'agriculture s'affirme, depuis des siècles, pleine d'aléas. Les coopératives d'éducation de base peuvent donc aider les individus à retrouver, non pas le sens de l'entr'aide, mais les moyens modernes de la rendre à nouveau efficace et de mieux résoudre les problèmes actuels.

Le développement de l'esprit coopératif, en stimulant l'esprit actif de solidarité, favorisera tout naturellement les réalisations communautaires. L'habitude d'insérer l'effort individuel dans l'effort collectif, de prévoir sur le plan individuel les avantages futurs d'un travail en commun, incitera, de toute évidence, les collectivités à examiner leur situation et à prendre en mains certaines entreprises communes.

Nul doute que les coopératives d'éducation de base ne soient donc entre les mains de chefs de centre avertis et prudents, le moyen d'aboutir à des réalisations concrètes. Elles constitueront pour beaucoup d'entre eux, l'affirmation de leur dynamisme et de leur sens du réel. Mais il faut prendre garde de ne les considérer que sous l'angle économique.

La coopération juvénile, malgré le caractère parfois artificiel de certaines coopératives scolaires, enseigne la vertu de l'action responsable et de l'aide mutuelle. Les coopératives d'éducation de base doivent constituer aussi, non seulement des instruments économiques modestes, mais un milieu de formation des esprits et des caarctères, une méthode d'éducation. Bien qu'elle soit placée sous la tutelle du Centre Social Educatif, le Chef de centre évitera donc d'intervenir de façon trop directe dans le fonctionnement de la Coopérative d'Education de Base qui est coopérative éducative certes, mais avant tout coopérative. Ainsi pourra-t-elle assurer l'indispensable auto-évolution des individus et des groupes, seule garantie d'un véritable progrès, seul signe de réussite d'une éducation de base bien conçue.

C'est en définitive dans un cadre coopératif que les individus pourront le plus facilement affirmer leur liberté. La coopération leur offre l'occasion de se grandir, de se former aux responsabilités, de substituer l'effort collectif réfléchi à la passivité entretenue par l'assistance pure et simple.

Enfin, dans des régions où, pour survivre, l'homme s'est installé dans une économie de résistance dépourvue de risques ou d'investissements, limitée dans le temps et restreinte au minimum, la coopération peut susciter un espit d'entreprise bénéfique, fait de confiance en l'effort individuel et collectif. La multiplication de petites réalisations peut revêtir, à la longue, l'aspect d'une action collective des masses seule susceptible de lutter efficacement contre la misère.

Menées avec prudence, à condition qu'elles s'insèrent dans le contexte économique environnant, les coopératives d'éducation de base peuvent donc conduire à un grand nombre d'actions de portée modeste, touchant des secteurs fort divers et intéressant l'économie de base des collectivités. Certaines d'entre elles seront l'amorce d'entreprises coopératives qui s'organiseront dans le cadre des coopératives normales de production. Mais, par leur nombre et leur dispersion, elles seront un des meilleurs moyens de formation de futurs coopérateurs. A ces avantages certains, elles ajoutent celui de tracer un cadre et une méthode d'éducation, de lutter non seulement contre les aspects économiques du phénomène de sous-développement, mais aussi contre ses aspects socio-culturels. C'est en définitive une nouvelle technique d'éducation de base qui est offerte aux Centres Sociaux Educatifs, en même temps qu'un moyen d'action.

Marcel LESNE
Inspecteur d’Académie, chargé du Service des Centres Sociaux Educatifs


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