MAX MARCHAND, DE MOULOUD FERAOUN
ET DE LEURS COMPAGNONS
Message de la cheffe de Cabinet de la ministre de l’Éducation nationale
Monsieur le président de l’association « Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons »,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
La cérémonie du souvenir qui nous rassemble prend, cette année, une résonance particulière.
Particulière, d’abord, parce que cela fait aujourd’hui, cinquante-cinq ans, jour pour jour, que six inspecteurs des centres sociaux éducatifs de ce ministère sont morts, assassinés par un commando de l’OAS.
Marcel BASSET. Robert EYMARD. Mouloud FERAOUN. Ali HAMMOUTÈNE. Max MARCHAND. Salah OULD AOUDIA.
Ces six hommes de conviction et de valeurs ; ces six hommes qui, au milieu des violences et des atrocités de la guerre d’Algérie, continuaient à penser, à porter et à défendre l’éducation, l’instruction, et une haute idée de l’être humain ; ces six hommes qui, par leurs paroles comme par leurs écrits, ont toujours défendu une haute idée de l’humanité, se sont brutalement tus, au cours d’une réunion de travail, sous les balles de leurs meurtriers.
Ils se sont tus, mais leurs voix portent encore, grâce au travail de mémoire, de souvenir et d’histoire que votre association n’a cessé de mener, et mène encore aujourd’hui.
En ce 15 mars 2017, votre association fête ses trente années d’existence : dans le moment qui nous rassemble, s’exprime à la fois le lien qui nous unit aux disparus, mais celui qui vous relie, aussi, à ce ministère de l’Éducation nationale, où j’ai le plaisir de vous accueillir.
Le lien, c’est justement le nom de votre revue. Les liens, ce sont ceux que vous contribuez à tisser entre le passé et le présent, avec le souci constant d’allier, à la commémoration des hommes, la poursuite de la réflexion et de la pensée, comme en témoigne votre colloque de cette année sur « la santé en Algérie avant l’indépendance ».
Alors, en parlant de santé, il y a malheureusement, dans notre pays, des symptômes graves, qui témoignent d’une crise profonde, et votre association en a été, non seulement le témoin, mais aussi la victime.
Vous avez ainsi vu, notamment, la mémoire de ces six hommes salie dans une revue – preuve que le combat n’est jamais achevé, jamais terminé, et que la vigilance reste toujours de mise.
Des haines sourdes et des vieilles rancœurs continuent, malheureusement, de venir menacer le souvenir de ceux que nous honorons aujourd’hui, et vous vous êtes montrés, par la dignité et la fermeté de votre réaction, à la hauteur de ceux dont vous défendez la mémoire.
C’est ce qui fait, aussi, la valeur du regard que vous portez sur ce passé : un regard exigeant, sans concession, fait de rigueur scientifique et de précision, qui trop souvent fait défaut.
Vous vous emparez aujourd’hui de la santé, comme vous vous étiez emparé, l’an passé, de la question de la justice.
Et c’est, pour rester dans le thème du colloque de cette année, une véritable entreprise d’hygiène que cette approche historique permet.
Dans les troubles du temps, il est essentiel de ne pas laisser nos esprits se troubler.
En refusant les confusions, les raccourcis et les simplifications, vous favorisez, au fond, une relation plus saine au passé, et, sans nul doute, une meilleure santé des institutions de notre République.
C’est à la fois la vie intellectuelle et la vie corporelle qui se trouvaient, conformément aux vœux de leur créatrice Germaine Tillion, au cœur des centres sociaux éducatifs : c’est cette vie sous tous ses aspects que vous allez aborder aujourd’hui.
À la fois parce que c’est le sujet dont vous allez traiter, mais aussi, parce qu’à travers cette association, à travers chacune et chacun d’entre vous, ce sont six hommes qui vivent encore dans nos mémoires, dans nos souvenirs, et dont vous prolongez l’engagement.
Je vous remercie.
mercredi 15 mars 2017
Éléonore Slama
En ouverture du colloque de l’association « Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons »
Seul le prononcé fait foi